Chapitre 2 : Négociation

Alors mine de rien, l’étape du prénom elle est un peu pète-couille. A moins d’avoir une idée commune qui s’impose (soit à peu près autant de chance que de gagner au loto) ou l’un des deux plus je m’en foutiste...dominé coulant que l'autre, une petite baston s'annonce.

Et encore nous n’étions pas en si mauvaise posture : nous avions chacun une idée. Une idée datant de plusieurs années pour moi et extraite d’un des romans de la série d’Anne Rice « Lestat le vampire » (et non, pas la peine de chercher à moins d’être un gros fan, il s’agit ni de Louis ni d’Armand). Un personnage à la fois impressionnant et sage avec un prénom à consonnance douce et celtique. Un choix effectué aussi car mon futur fils ayant moins de 1% de chance d’être nain et gracile (au regard des hommes de la famille), j’aimais bien l’idée de contrebalancer toute cette testostérone en croissance par quelque chose de délicat.

Pour le père, moins fan de mon idée, une alternative pas si éloignée et accessoirement prénom du leader d’un des plus grands groupes de hard rock (oui...niveau référence on a jamais fait dans la dentelle). Si vous n’avez pas réussi à décrypter les devinettes (car, par principe peu explicable, je ne les donnerai jamais en clair ici), imaginons donc que je souhaite l’appeler Sam, et que son père ait une préférence pour Max.

Vient ensuite le temps des négociations. Chaque camp essaie de déterminer un avantage comparatif à son poulain, en essayant d’éviter tout argument faux-derche (pas de « ça fait gonzesse », ou « j’ai connu un connard qui s’appelait Sam » sous peine de rupture de communication immédiate).

Plusieurs possibilités pour avancer ses pions en bon joueur :

Option 1 : Trancher sur les caractéristiques et la structure même du prénom (origine, sonorité). Va-t-on mettre l’enfant dans une case rien qu’en entendant son prénom ? S’accorde-t-il avec le nom ? Est-ce que c’est trroooooooop mignon bébé, mais que t’as franchement l’air d’un con adulte ?

Résultat Poukk Junior : 1 partout la balle au centre. L’un étant celtique, l’autre scandinave, les deux étant mixtes et de 4 lettres avec 1 seule lettre de différence (bien que pas tout à fait dans le même ordre), on a pas fait avancer le débat.

Option 2 : Trancher sur la personnalité associée au prénom. Ce qui est une grosse connerie en soit car à peu près aussi valable que son thème astral (selon lequel je serai moi-même une salope manipulatrice et sadique...quoique), mais bon…on fait ce qu’on peut.

Résultat Poukk Junior : toujours 1 partout. Ils ont le même caractère. Evidemment merveilleux. Et évidemment pondu de manière aléatoire par les sites de prénoms.

Option 3 : Regarder le classement du « top des prénoms » (sachant qu’on avait AUCUNE envie d’y être).

Résultat Poukk Junior : on est toujours pas aidés, ils sont moyennement à la mode et ont 4 places d’écart.

Enfin en dernier recours : Poser la question à l’entourage et regarder la distribution de votes. Bon moi, bien que pas réticente à l’idée faire part de notre sélection à nos proches, j’étais pas forcément fan de l’idée. Y en a toujours un pour te dire « Sam ? Bark quel goût de chiotte ! » ou « Max ? c’est le nom de mon chien ». Ou pire : « Sam et Max ? trop drôle ! c’est le nom donné à chacun de mes nibards ! » (véridique, elle se reconnaitra et les a vraiment appelés ainsi).

Verdict : EXACTEMENT le même nombre de fans de part et d’autre… !! Umf…

On a donc stoppé la négociation en se laissant le temps de la maturation (et en espérant secrètement que l’autre allait le faire dans son sens). J’ai même pensé, à un moment donné, suggérer innocemment d’attendre de voir sa bouille pour décider…avec, en arrière fond, l’idée qu’après en avoir chié des bulles, je serai de toute façon en position de force (gniarf gniarf). Mais je suis fairplay, alors j’ai laissé tomber cette tactique de pétasse.

To be continued...