Mes fraises à moi

11 mai 2012

Dire que j’aime le Rhum serait bien en dessous de la vérité. En fait, si on me demandait d’éliminer définitivement deux éléments parmi le Rhum, le vin et le fromage, je garderai peut-être le Rhum.

Je l’aime vieux, je l’aime jeune, je l’aime ambré, je l’aime blanc, je l’aime arrangé, ou bien en Ti-Punch. Mais le millésimé, je le bois sec, sans glace.

L’un de mes souvenirs culinaires le plus mémorable est un souvenir au Rhum. J’étais dans un restaurant étoilé. Le genre d’occasion unique où on en prend déjà plein les yeux, et plein les papilles. Et puis est venu le temps du dessert. En cette ère non éléphantesque, je ne kiffais pas sa mère le sucré. C’est donc dire le côté exceptionnel de la chose pour que je la range du côté de mon top 3 de souvenirs culinaires.

J’ai choisi le baba. J’avais déjà vu passer une chariote de fromages d’exception où l’on pouvait choisir ce que l’on voulait. Pour moi le repas était donc terminé quasiment. La dernière barre était trop haute pour être dépassée.

Et puis on m’a amené un baba, d’un moelleux exceptionnel, couché sur une coupe grecquo-romaine, accompagné de sa bolinette de chantilly, que même pas en rêve t’en avais gouté une comme ça.

Mais mon nez ne me trompe jamais : point de rhum dans le gâteau !

Alors que je comprenais soudainement ce que signifiait l’expression « l’avoir dans le baba », on m’apporte un plateau. Et sur ce plateau pas moins de 7 Rhums d’exception dont on me présente délicatement les bouchons, afin que je puisse sentir et choisir à quoi je vais parfumer mon dessert. Passée l’épreuve titanesque de n’en choisir qu’un et de ne pas partir en courant avec le plateau, on m’en arrose mon baba (le gâteau s’entend bande de tordus). Et là, alors qu’il ne fallait déjà plus en jeter et en guise de final, on m’offre un verre à digo rempli de mon choix.

J’en ai presque pleuré d’émotion.

Pourquoi je vous raconte ça ?

Afin de lever tout doute, toute sous-estimation, toute incompréhension à propos de la relation qui existe entre le Rhum et moi. Et donc à propos de ce qui va suivre.

Je suis partie en Guadeloupe à l’aube de mon sixième mois. Très agréable au demeurant, j’avais choisi la destination afin de me faire tranquillement bronzer les miches une dernière fois, sans avoir à courir après un gnome.

Oui. Mais la Guadeloupe ça n’est pas seulement une île des Antilles. C’est aussi le pays du Rhum. Pas loin de 8 distilleries d’anthologie et des rappels partout de ce que moi, femme enceinte et inconditionnelle du breuvage, ne pourra que caresser des yeux.

Ca a commencé dans l’avion. On nous distribue le planning des menus. Et je vois, en guise d’apéritif, aux côtés des traditionnels spiritueux et autres pinards, du ti-punch et du planteur…Que mon voisin, accompagnateur et accessoirement futur père de mon Gnome s’est fait une joie de choisir.

Moi j’ai bu un jus de tomate….

Puis une fois arrivés, Carrefour pour faire les courses.

J’ai eu le malheur de tomber dans le rayon des alcools forts. Une allée entière de Rhum. Au moins 20 différents, des connus à des prix au tiers de la France comme le Damoiseau, et des inconnus. En face, la réplique de cette première galerie, mais arrangés aux fruits locaux et sous la forme de cocktails divers.

Et alors que je me laissais déjà bercer par cette vision, voilà que je tombe sur CA.

Une pancarte en 15x15 posée tous les 2 mètres pour me rappeler mon abstinence forcée (et qu’on a chourrée pour conserver une preuve). C’est qu’ils y vont pas de main morte là-bas niveau prévention. Peut-être parce que les Guadeloupéennes partagent le même amour que moi ?

Pour finir, l’idée principale étant je pense passée, voici un résumé rapide des affronts de la semaine.

L’Affront d’Une Banalité Affligeante : Un autre passage dans un supermarché où je reviens, mi rêveuse mi masochiste, dans la fameuse allée du Rhum, et où un type m’a regardée de la tête au pied, à deux doigts de me faire une réflexion et ce pendant 2 bonnes minutes.

Il a bien fait de ne pas me la faire sa réflexion.

Comme si, parce qu’on était au régime, on devait s’abstenir de regarder le menu (connard).

L’Affront Itératif et Doublé d’Une Ignoble Trahison : Le chéri, non content de se prendre sa bouteille de Marie Galante à 59° et de sabrer le planteur de bienvenue, a mis un point d’honneur à se taper des ti-punch à la santé de mon nouveau grade de capitaine de soirée. Sauf que là, capitaine, je l’étais aussi de midi, d’après midi, voir de fin de matinée….Ceci je pense, en remboursement de toutes les fois où il a dû conduire la voiture pour cause d’indisponibilité post-soirée. Ou celle, unique mais mémorable, où j’ai condamné le lit pour la nuit après m’y être étalée de tout mon long en diagonal et les bras en croix, et avec pour seul habit une robe de chambre, parce qu’il avait tenté de me réanimer par une douche chaude (en vain, car j’ai juste le vague souvenir d’avoir très bien roupillé).

L’ULTIMATE Affront : Autrement-dit un condensé des affronts précédents mais avec en prime le cadre.

Oui, on s’est dit qu’il serait de bon ton d’aller acheter de l’agricole 1^er choix à la source…Adepte de l'auto-flagellation me direz vous ? J ’ai en fait été convaincue par un argument massue « On le gardera pour fêter la naissance ».

Nous nous sommes donc acheminés vers la distillerie Bologne du côté de Basse-Terre après avoir hésité avec Damoiseau, les deux ayant une excellente réputation. Une fois sur place, difficile de résister à l’appel de la visite guidée (oui, je sais, je cherche le bâton). Une demi-heure d’explication sur les étapes du procédé d’extraction de la canne à sucre, avec en prime une odeur de picolo à vous déboucher les narines. Il n’en fallait pas plus pour m’énerver un temps soit peu à l’idée que je devrais rester passive à la dernière étape….Je vous le met dans le mille….la DEGUSTATION.

Et là, il y avait du Rhum vieux, du jeune, de l’ambré, du blanc, du pur, de l’arrangé et du millésime.

Le coup de grâce. Et je l'avais cherché.

J’ai du me résoudre à une sélection par le nez et par mon petit doigt trempé dans chaque verre (que j’ai ensuite consciencieusement passé sur mes dents à la manière d’un flic goûtant le paquet de potentielle coke qu’il vient de trouver).

Je suis repartie avec :

- Un cubi de 4,5L de blanc

- Une bouteille de 1L de fruité 55°

- Une bouteille de 1L de Chevalier St George vieilli en fût de chêne

- Un chéri vaguement imbibé qui m’a laissé les clés de la bagnole

- Une envie furieuse de baba et de nager dans une piscine de Bologne

- Une paire de baffe réprimée lorsqu’à la caisse, une p..bonne femme s’est penchée vers moi pour me dire « J’espère que ce n’est pas pour vous ». Les gens sont cons ou ils le font exprès ?

- Le regret de ne pas avoir eu le réflexe de répartie de Jordan dans la génialissime série Scrubs (merci chéri)*

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Pitch : Jordan vient d'accoucher et elle est dans un bar avec les autres filles pour boire un verre histoire de fêter l'évènement.
La serveuse arrive avec les verres et, en les entendant parler, retiens le verre de Jordan...

Serveuse : Vous venez d'avoir un bébé et vous buvez de l'alcool ? Vous ne lui donnez pas le sein ?
Jordan : J'ai pas encore décidé... Vous avez été nourrie au sein ?
Serveuse : Évidemment oui.
Jordan : Et vous voyez ce que ça donne comme résultat !! Une grosse dinde qui donne des leçons de morale aux autres alors qu'elle bosse comme serveuse dans un bar pour gagner sa vie. C'est peut-être pas une si bonne idée que ça de les nourrir au sein. Aaah si vous saviez comme ça défoule !!!

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Je finirai par l’Affront Hors Sujet.

J’ai découvert qu’en vacances, il n’y avait pas que les Mojitos et autre Caïpirina qui ne te sont plus accessibles à toi Femme Enceinte. Il y a aussi les photos Facebook, complètement imbéciles au demeurant, mais que tu adores prendre pour faire bisquer tes amis. Le modèle phare étant la photo de tes pieds alors que tu fais l’étoile de mer sur la plage face à la mer.

Ben voilà, RIP aussi la photo FB.